Rédaction 3

Sujet : "L'Indochine? C'est la planète Mars. Ou Neptune. Je ne sais pas."

L'art français de la guerre, Alexis Jenni

Vous aussi, vous vous êtes retrouvé.e dans un lieu où vous avez ressenti un profond dépaysement, avec un sentiment de malaise. Racontez.

C'était dans une grande ville mais nous étions loin de tout. Je n'entendais plus un seul bruit extérieur pouvant me rappeler la réalité, la tangibilité du moment. J'ai une confiance aveugle en mes yeux et mes oreilles. Je ne peux pas vous demander d'en faire autant.

J'étais à l'arrière de cette assemblée constituée d'une quarantaine de personnes. Deux seulement me connaissaient et réciproquement. C'était par elles que j'avais été introduite. Un sentiment de solitude pourtant, grandissait en moi et même plus ; il était plus grand que moi. Il remplissait le peu d'espace vide entre mes voisins et moi et faisait se rétrécir la pièce. J'entendais des chants qui, magnifiques, devinrent insupportables à écouter quand je prêtai attention aux paroles. Paroles que je n'eus aucun mal à comprendre. Paroles qui me paralysèrent. Paroles qui se gravèrent sur les murs de mon esprit pour un long moment.

Les participants chantaient et je vivais encore.

Ils se levèrent et je dus faire de même. Mon corps, forcé, ne laissa rien paraître. Je l'en remercie encore.

Pour mieux comprendre, il faut savoir que telle une exploratrice au devant d'une jungle inconnue mais peut-être sublime ou bien impitoyable, je m'attendais à un sentiment d'inappartenance mais pas à ce sentiment d'être un nuage parmi les moutons.

D'un regard bienveillant et plein d'amour, il m'invita à chanter. Le nuage perdit de l'altitude. Un ange passa et tenta de lui renvoyer quelque air à respirer pour s'élever.

Je compris le message et abandonnant mon corps, je partis en exploration. Pourquoi prôner l'amour et ressentir tant de haine envers les autres ? Pour eux j'étais des leurs ; je partageais leur sang.

Dans cette grande salle pleine de fenêtres mais si fermée au monde se déroulait comme une réunion hebdomadaire d'indiens. Ils étaient tout proche mais tellement loin !

La peur, froide comme une eau sombre coula alors dans mes veines et insuffla un rythme nouveau et inquiétant à mon coeur. Le chef de la cérémonie prit la parole. Tous s'assirent : mon corps avec eux.

Je me regardais et avait envie de presser ma main brûlante contre ma joue livide.

Anounka 2020-2021

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